L'œuvre d’art La citerne présente une vidéo dans un caveau patrimonial. L’artiste Michèle Lorrain a photographié un réservoir d’eau mystérieux pendant plusieurs années, jusqu’à sa disparition. L’image de ce réservoir est projetée au fond du caveau, une voûte en maçonnerie centenaire autrefois utilisée pour déposer les morts. L’artiste questionne ainsi notre attachement aux constructions qui marquent à la fois l’histoire des lieux et notre imaginaire.
Lieu unique
L'œuvre La citerne a pris place dans le caveau d’un terrain patrimonial, à quelques pas d’où était située la citerne disparue.
À l'intersection du boulevard Saint-Martin Ouest et de la 100e avenue.
Quartier : Chomedey, Laval
La citerne visible dans la vidéo était installée dans l’arrière-cour d’une maison de ferme. Ce terrain est voisin de celui où est situé le caveau, une construction historique en forme de voûte recouverte de terre et d’arbustes. Le caveau a récemment servi pour l’entreposage des légumes, mais était autrefois utilisé pour déposer les morts durant l’hiver en attendant de pouvoir les enterrer. Son histoire complexe contraste avec l'apparence uniforme et moderne du développement résidentiel qui l’entoure.
Michèle Lorrain est une artiste ayant grandi à Laval. D’abord reconnue pour son travail en peinture, elle explore aujourd’hui l’installation et l’Voir la définition complète dans le lexiqueart vidéo afin de questionner notre manière de voir et d’habiter l’espace. Son travail récent s’articule autour du thème de la mémoire, en s’attardant aux traces de notre occupation des lieux.
— Michèle LorrainJe m’interroge sur le double, sur la mémoire des lieux et sur le territoire en mutation. Mes projets rendent compte du temps et s’organisent en fonction de l’espace dans lequel ils évoluent.
Durant quinze ans, Michèle Lorrain a documenté une citerne aperçue par hasard en bordure du boulevard Saint-Martin. Sa vidéo montre comment la végétation l’a peu à peu recouverte, tout en révélant son envergure et le mystère qui l’entoure. L’œuvre nous plonge dans l’intrigue ressentie par l’artiste et redonne vie, par l’image, à cette citerne aujourd’hui disparue.
Dans sa vidéo, Michèle Lorrain fait coexister la présence et l’absence. Par des effets de montage, elle superpose des photos de la citerne disparue à des séquences montrant la route actuelle menant au caveau. Le béton et l’acier des deux constructions se répondent. Le temps et les lieux s’entrelacent, comme si la citerne disparue errait encore, en quête du lieu de son dernier repos.
Michèle Lorrain a choisi le caveau comme lieu de projection Voir la définition complète dans le lexiquein situ pour renforcer l’atmosphère de mystère. Cet espace souterrain, sombre et voûté, amplifie l’impression d’envoûtement et d’inquiétude liée à la citerne disparue. Menacé lui aussi de disparition, le caveau devient symboliquement le lieu d’inhumation de la citerne, et nous invite à réfléchir au sort des constructions fragilisées par le temps.
Michèle Lorrain aborde la disparition de la citerne comme le symbole d’un monde en transformation. L’édition vidéo fait ressentir le passage du temps en juxtaposant des photographies qui préservent la mémoire d’un monde révolu à celles montrant l’état actuel des lieux. Le choix du caveau pour la projection approfondit cette réflexion, en créant une ambiance propice à contempler le destin des espaces voués à disparaître.
L’œuvre soulève des questions sur notre attachement aux lieux et leur pouvoir d’éveiller l’imaginaire. Michèle Lorrain ne prône pas la simple conservation, mais une approche qui accepte la disparition tout en valorisant ce qui demeure vivant dans la mémoire collective. L’enjeu est d’entretenir un dialogue entre passé et futur, en réinventant les lieux tout en faisant une place à la surprise ou à l’énigme pour cultiver un rapport plus intime à l’histoire.
— Michèle LorrainAu fil du temps, la citerne prendra une valeur symbolique par sa faculté à représenter des contraires comme des possibles, sans les opposer : contenu/contenant, dedans/dehors, vie/mort, fluidité(eau)/masse, usage/abandon, présence/absence.
