Nouvelle Île
Lexique
Activation
Notion qui désigne le processus par lequel une œuvre prend vie à travers l’action du public. L’activation peut être un geste, un mouvement ou une interaction : c’est la participation concrète des spectateurs qui rend l’œuvre effective.
Art action (art performance)
Pratique artistique fondée sur des gestes, des actions ou des comportements réalisés en direct, dans un lieu et un temps précis. Éphémère, elle engage souvent le corps comme médium principal et privilégie l’expérience vécue, la relation avec les spectateurs et les traces laissées, plutôt qu’un objet matériel final.
Art actuel
Expression qui désigne les pratiques artistiques vivantes et expérimentales du présent. Contrairement à l’« art contemporain », qui peut renvoyer à une période historique déjà reconnue, l’art actuel met l’accent sur la création en cours, encore en mouvement et non fixée par l’histoire. Il regroupe une grande diversité de démarches (installation, performance, art vidéo, interventions in situ, etc.) et se distingue par sa volonté d’explorer de nouveaux langages, de dialoguer avec les contextes sociaux et de proposer des expériences qui transforment notre rapport au monde.
Art d'infiltration
Pratique artistique qui s’introduit dans des lieux, institutions ou situations de la vie quotidienne extérieurs au monde de l’art. Sans forcément se présenter comme tel, l’artiste observe, intervient et met en récit un contexte réel — affiches, médias, espaces publics — brouillant ainsi la frontière entre ordinaire et art. Cette approche discrète crée un décalage qui peut être poétique, critique ou perturbant.
Art de la maintenance
Concept introduit par Mierle Laderman Ukeles en 1969, il valorise les gestes de soin et d’entretien quotidiens (nettoyer, réparer, cultiver, etc.) comme pratiques artistiques. Ces gestes, souvent invisibles ou dévalorisés, sont réinterprétés comme des formes de création.
Art numérique
Forme d’art qui utilise des technologies numériques comme outil principal de création ou de diffusion. Cela inclut la vidéo, le son, les images générées par ordinateur, les installations interactives ou les programmes informatiques, et permet d’explorer de nouvelles expériences perceptives et conceptuelles.
Art public
Pratique artistique qui se déploie dans l’espace public, qu’il s’agisse d’œuvres permanentes ou temporaires. Elle est généralement réalisée dans le cadre d’un programme ou d’une commande officielle — c’est-à-dire passée par un organisme public ou privé dans un cadre formel —, et fait l’objet d’un processus de sélection et de réalisation encadré. L’art public est pensé pour s’intégrer à son environnement et être accessible à tous.
Art relationnel
Courant de l’art contemporain qui met les relations humaines au cœur de l’œuvre. L’artiste crée des situations ou dispositifs qui favorisent la rencontre, la convivialité ou l’échange entre les participants. L’expérience collective, plus que l’objet produit, constitue l’œuvre.
Art vidéo
Pratique artistique qui utilise la vidéo comme médium de création. Née dans les années 1960 avec l’arrivée des caméras portatives, elle explore des formes expérimentales, narratives ou installatives, et transforme notre rapport à l’image en mouvement, au temps et à l’espace.
Centre d’artistes autogérés
Organisme créé et dirigé par des artistes, qui soutient la recherche, la création et la diffusion de l’art actuel. Né dans les années 1970 au Canada, ce modèle s’est développé en marge des musées et du marché de l’art, pour offrir des espaces d’expérimentation, d’exposition et de rencontre. Fonctionnant selon des principes collectifs et autogérés, les centres d’artistes jouent un rôle essentiel dans l’écosystème culturel en appuyant les pratiques émergentes et en favorisant le dialogue entre artistes et communautés.
Collectif
Pratique artistique où plusieurs artistes s’associent pour créer, diffuser ou gérer des projets en commun. Le collectif fonctionne sans hiérarchie fixe : les décisions, responsabilités et créations se partagent entre ses membres. Il peut durer le temps d’un projet ou exister sur le long terme, et permet de développer des démarches collaboratives qui dépassent les parcours individuels.
Dispositif
Terme utilisé en art actuel pour désigner un ensemble d’éléments (objets, technologies, espaces, actions) organisés afin de produire une expérience ou une situation particulière pour le public. Le mot s’inspire de la réflexion théorique sur le « dispositif » en esthétique et en philosophie (notamment Foucault et Deleuze), qui souligne la relation entre les éléments matériels, les usages et les effets sur les spectateurs.
Dissémination graphique
Stratégie visuelle qui disperse des fragments d’images ou de textes dans différents lieux publics — affiches, autocollants, panneaux ou impressions. Chaque élément agit comme un indice isolé, mais ensemble ils composent un récit ou une fiction à reconstituer. Cette approche engage le public dans une expérience d’exploration, où le sens se construit au fil des découvertes, de façon poétique, critique ou participative.
Détournement
Procédé de création qui consiste à reprendre des images, objets ou codes existants — publicitaires, institutionnels, médiatiques ou quotidiens — pour en changer le sens. Né des avant-gardes des années 1960, le détournement peut être critique, humoristique ou poétique, et met en lumière les logiques cachées ou absurdes de notre société.
Esthétique
Pratique ou approche qui s’intéresse à la manière dont une œuvre touche nos sens et notre perception. L’esthétique désigne à la fois les choix formels (formes, couleurs, sons, matières, styles) et l’effet qu’ils produisent sur l’expérience du public. Elle ne renvoie pas seulement au « beau », mais aussi au surprenant, au dérangeant ou au poétique.
Hors-les-murs
Expression utilisée pour désigner une programmation artistique qui sort de l’espace de galerie traditionnel. Ces projets investissent l’espace public, des lieux partenaires ou des espaces atypiques. Ils se nourrissent du contexte dans lequel ils s’inscrivent et privilégient souvent la rencontre, l’expérience partagée et la transformation du quotidien, plutôt qu’un objet final exposé dans un cadre neutre.
In situ
Expression latine signifiant « dans le lieu même ». En art, elle désigne une œuvre créée pour un lieu précis, qui dialogue avec son architecture, son environnement ou son contexte social, et qui perdrait son sens si elle était déplacée ailleurs. Toutes les œuvres sont situées dans un lieu, mais une œuvre in situ est inséparable de celui pour lequel elle a été conçue.
Installation
Pratique artistique en trois dimensions conçue pour occuper un espace donné et transformer la perception qu’on en a. Souvent composée d’objets, de sons, de lumières ou de dispositifs multimédias, elle crée une expérience immersive et sensorielle pour le public. Contrairement à une sculpture ou un tableau isolé, l’installation enveloppe le spectateur et met en jeu le lieu comme partie intégrante de l’œuvre.
Land Art
Né dans les années 1960, ce mouvement utilise les paysages et matériaux naturels — terre, pierre, sable, végétaux, eau — comme médium. Ses œuvres monumentales en plein air dialoguent avec l’environnement et se transforment au gré du temps et des saisons. En sortant des musées, le Land Art remet en question l’institution artistique et propose une expérience critique et éphémère de notre rapport à la nature.
Manœuvre
Pratique artistique qui s’inscrit dans le quotidien et provoque des interactions imprévues. L’artiste initie la situation, mais ce sont les participant·es qui en orientent le déroulement, faisant de l’œuvre un processus ouvert, éphémère et évolutif. Ancrée dans un territoire ou une communauté, la manœuvre cherche à transformer les relations sociales et à brouiller les frontières entre art et vie courante.
Minimalisme (art minimal)
Mouvement artistique né aux États-Unis dans les années 1960, caractérisé par des formes sobres et l’usage de matériaux simples ou industriels. Réduites à l’essentiel, les œuvres mettent l’accent sur la perception et le rapport à l’espace. Aujourd’hui, dans l’art actuel, ce langage formel est parfois réinvesti pour porter des enjeux politiques, environnementaux ou sociaux.
Médiation culturelle
Pratique qui met en relation des œuvres, des artistes et des publics. Elle vise à faciliter la rencontre avec l’art, à éveiller la curiosité et à créer des occasions d’échange. La médiation peut prendre la forme d’ateliers, de discussions, de visites ou d’outils numériques. Plutôt que d’expliquer une œuvre de manière autoritaire, elle propose des clés d’interprétation qui laissent place à l’expérience personnelle et au dialogue.
Poésie
Dans l’art actuel, la poésie ne se limite pas au poème écrit : elle désigne une manière de créer des images, des gestes ou des formes qui déplacent l’imaginaire. Elle se manifeste dans les mots, mais aussi dans les sons, les images ou les actions, et ouvre un espace sensible où le quotidien se transforme. La poésie met l’accent sur l’expérience esthétique et émotionnelle plutôt que sur la narration ou l’explication.
Réappropriation
Processus par lequel une personne ou un groupe reprend à son compte des codes, pratiques ou références qui ne lui étaient pas destinés, afin de les transformer en outils d’affirmation et d’émancipation. En art, c’est aussi un procédé de création qui consiste à revisiter des formes ou des symboles existants pour leur donner un nouveau sens, critique ou identitaire.
Traces
Marques visibles ou invisibles laissées par une action artistique, qu’il s’agisse d’empreintes matérielles (sol, objets, restes de matériaux), de documents (photos, vidéos, écrits) ou de souvenirs vécus par les spectateurs et les participant·es. Elles rappellent qu’une œuvre a eu lieu, même lorsqu’elle a disparu, et constituent parfois la seule manière de la transmettre.
Trompe-l’œil
Effet visuel qui brouille la frontière entre réel et illusion. Historiquement associé à la peinture figurative, il est aujourd’hui réinterprété dans l’art actuel à travers la photographie, l’installation ou l’abstraction géométrique. Plutôt que d’imiter la réalité, le trompe-l’œil contemporain peut jouer sur la couleur, la perspective et la perception de la profondeur pour transformer la lecture d’un lieu, comme une façade architecturale.