La chorale est un banc berçant monumental, long de sept mètres et conçu pour accueillir vingt personnes côte à côte. Installée dans le hall d’entrée d’une école secondaire, l’œuvre transforme un lieu de passage en espace de rencontre. Le balancement partagé invite à s’arrêter, à échanger et à ressentir un sentiment d’appartenance au collectif.
Lieu unique
École secondaire Mont-de-La Salle
Quartier : Laval-des-Rapides
Construite en 1917 par les Frères des Écoles Chrétiennes, l’école Mont-de-La Salle domine son quartier et garde la mémoire d’un héritage institutionnel fort.
Son vaste hall d’entrée accueille chaque jour élèves et personnel.
Dans le brouhaha quotidien, le banc berçant crée une pause et rend le hall plus accueillant.
L’attachement des élèves au banc a été tel que, dès 2016, leur parlement étudiant a réclamé son acquisition permanente.
De 2016 à 2022, cette mobilisation n’a pas faibli. Elle a conduit à une campagne de socio-financement, grâce à laquelle La chorale a pu être reconstruite dans une version pérenne.
Installée en 2022 pour souligner le centenaire de l’école, l’œuvre fait désormais partie intégrante de la vie de l’établissement — et s’inscrit symboliquement pour durer un autre siècle.
arkadi lavoie lachapelle est un·e artiste qui a grandi en campagne et qui habite aujourd’hui Montréal. Dans ses œuvres, iel questionne l’héritage culturel et historique dont iel est issu en tant que personne blanche. Son travail permet d’ouvrir la discussion sur les liens que nous entretenons les uns avec les autres et avec les institutions.
— arkadi lavoie lachapelleJ’aime susciter des interactions inusitées entre les gens et les objets.
La chorale transforme un espace de passage en un lieu de rencontre. Long de sept mètres, le banc berçant accueille jusqu’à vingt personnes côte à côte. Sa configuration rappelle celle des bancs d’église, autrefois lieu central de rassemblement. Sans reproduire l’institution religieuse, l’œuvre réactive cette fonction sociale : rapprocher les individus, abolir les distances, créer un espace commun où l’on partage un même geste. L’expérience échappe au contrôle de l’artiste et évolue selon l’usage que les gens en font : une logique de Voir la définition complète dans le lexiquemanœuvre, où l’œuvre se déploie dans la vie collective plutôt que dans un cadre strictement artistique.
Installé dans le hall animé de l’école, le banc propose une pause au cœur du brouhaha. Immobile par lui-même, il s’anime dès que les corps le mettent en mouvement. Cette Voir la définition complète dans le lexiqueactivation repose sur un geste simple : s’asseoir et se balancer ensemble. Le balancement devient un rythme partagé, une respiration commune. Par ce geste simple et accessible, l’œuvre invite à ralentir et à profiter de la présence des autres, qu’on leur parle ou non.
Le banc berçant réactualise un geste ancré dans la mémoire collective: celui de la chaise berçante. Objet associé aux aînés, aux poupons et à leurs parents, il évoque la tendresse des soins quotidiens et le confort des intérieurs. Transposé dans une école secondaire, ce mouvement rassurant est réapproprié par les adolescents, qui en font un espace pour échanger, se raconter ou simplement partager un moment. Le choix du bois et du savoir-faire artisanal renforce cette continuité entre générations, tout en l’adaptant à un contexte contemporain.
Le titre La chorale prend tout son sens dans l’expérience du banc. Comme dans un chœur de voix, chacun contribue à un rythme commun : le mouvement ne vient pas d’une seule personne, il circule entre tous. Le balancement devient une polyphonie de gestes où l’on garde son individualité tout en faisant partie d’un ensemble.
Cette expérience n’est pas toujours harmonieuse. Le plaisir du mouvement partagé dépend de chacun, et l’arrêt soudain d’une personne peut interrompre l’élan. C’est aussi ce qui rend visible notre interdépendance : le bien-être comme le désagrément naissent du même geste collectif.
— arkadi lavoie lachapelleQuand plusieurs personnes se balancent, on ne sait pas d’où part le mouvement ni qui le freine. On sent des forces partagées, qui peuvent autant nourrir le bien-être que créer du désagrément, si quelqu’un décide soudain d’arrêter.
La chorale invite à repenser nos façons d’être ensemble. Elle réactive un geste simple et familier — le balancement — pour rappeler que nos vies reposent sur l’interdépendance. L’œuvre démontre comment un espace de circulation peut devenir un lieu d’appartenance, et comment un objet de mobilier peut révéler la valeur du collectif.
Au-delà de l’expérience sensorielle ou mémorielle, elle ouvre une réflexion sur la communauté et sur l’importance de se laisser porter par le rythme des autres. Comme le suggère son titre, c’est peut-être dans ces moments d’harmonisation discrète que se joue la véritable puissance de l’Voir la définition complète dans le lexiqueart relationnel : transformer un geste ordinaire en une célébration partagée.
