De fond en comble

De fond en comble est un projet d’interventions artistiques et écologiques mené sur un terrain en friche voisin du métro Montmorency. Pendant cinq mois, les artistes Nicole Fournier et Douglas Scholes y ont expérimenté des gestes de soin et de transformation. À travers ces actions, l’espace vacant est devenu à la fois atelier, exposition et lieu de rencontres. L’œuvre invitait ainsi à reconnaître la richesse cachée de ces terrains négligés, avant qu’ils ne disparaissent sous l’urbanisation.

Où ?

Un terrain en suspens

Carte de Laval

Lieu unique

Terrain vague voisin du métro Montmorency
Quartier : Laval-des-Rapides

De fond en comble par Nicole Fournier

En 2013, De fond en comble a pris place sur un terrain en friche situé au coin des rues Lucien-Paiement et Jacques-Tétreault, tout près de la Place Claude-Léveillée et de la station Montmorency. À l’époque, ce secteur n’était encore qu’une mosaïque de stationnements temporaires et de lots vacants : la Place Bell n’existait pas, et le campus de l’Université de Montréal venait tout juste d’ouvrir.

Ce lot apparemment abandonné est devenu, pendant cinq mois, l’atelier et l’espace d’exposition des artistes. Ils y ont recensé la flore, la faune et les déchets, révélant ainsi la vitalité discrète d’un sol destiné à disparaître sous l’urbanisation.

Aujourd’hui, ce terrain s’est transformé : à la place des herbes folles et des cercles tracés par les artistes s’élève désormais une tour à condominiums du complexe Espace Montmorency.

De fond en comble par Douglas Scholes

Il serait judicieux de militer pour la création d’un îlot vert plutôt que d’y laisser construire un nouvel espace bétonné, et de faire en sorte que cela devienne une des priorités de la Ville de Laval.

N. & M., commissaires du projet
1 of 2Qu’est-ce qu’un terrain vague peut vous inspirer ?
2 of 2En quoi un terrain en friche diffère-t-il d’une salle d’exposition traditionnelle?

Qui ?

Nicole Fournier et Douglas Scholes

Le duo de commissaires N&M a spécifiquement invité les artistes Nicole Fournier et Douglas Scholes à collaborer pour ce projet.

De fond en comble par Jaden Scholes
De fond en comblepar Alexis Bellavance

Nicole Fournier s’intéresse à l’éco-responsabilité et à la permaculture. À partir de gestes agricoles comme planter, récolter, préparer et composter, elle veut sensibiliser le public à la biodiversité du terrain et cherche à en révéler ses écosystèmes.

Douglas Scholes s’intéresse aux forces de détérioration et d’usure dans l’environnement. Par l’action routinière et l’entretien quotidien, il pratique un « art de la maintenance ». Son côté pragmatique lui permet d’observer et de travailler les éléments qui se transforment tous les jours sur le terrain.

Comment ?

Lancer des graines

Le projet s’ouvre par une action collective : le lancer de « grainades ». Ces sculptures biodégradables, faites de cire d’abeille, ont été moulées par Douglas Scholes à partir de bouteilles de plastique ramassées sur le terrain. Elles renfermaient les semences accumulées par Nicole Fournier au fil de ses projets. Lors de la journée inaugurale, le public était invité à les projeter sur le sol en friche. Inspirée de la guérilla jardinière, cette performance détournait la symbolique de la grenade : une arme transformée en outil de régénération, où l’art et le geste participatif redonnaient vie à un lieu oublié.

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1 of 3Avez-vous déjà participé à un geste collectif qui vous a donné le sentiment de « planter quelque chose pour l’avenir » ?
2 of 3Que ressentez-vous à l’idée de lancer une graine comme on lancerait une grenade ?
3 of 3Peut-on imaginer qu’une action artistique ait un effet concret sur un lieu naturel ?
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Cercles de soin

Après l’élan du seedbombing, les artistes ont pris le temps d’observer et de travailler le terrain. Plantes indigènes encerclées à même la terre, déchets accumulés en formes circulaires, brindilles ramassées et regroupées : chaque geste matérialisait un inventaire sensible. Cette attention quotidienne s’inscrit dans une logique proche de l’Voir la définition complète dans le lexiqueart de la maintenance, où les soins et les gestes répétés deviennent une forme artistique. À travers ce processus patient, l’espace s’est transformé en un grand tableau vivant, où la biodiversité et les traces humaines devenaient visibles. Ces cercles signalaient la valeur de ce qui était souvent ignoré.

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1 of 3Vous arrive-t-il de remarquer les petites plantes qui poussent dans les terrains vagues ?
2 of 3Qu’est-ce qu’un cercle tracé autour d’une herbe ou d’un objet peut changer dans notre regard ?
3 of 3Est-ce que la mise en ordre d’un lieu négligé peut déjà être une forme d’art ?
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Extrait de «Nicole's Garden», un portrait documentaire de Nicole Fournier par Angela Vu

Un mont pour rêver

Au cœur du terrain, Nicole Fournier et Douglas Scholes ont élevé une butte de sept verges cubes de terre saine : le Mont des possibles. Sur ce monticule, ils ont semé à la fois des espèces indigènes et des plantes comestibles, en suivant certains principes de la permaculture. Cette Voir la définition complète dans le lexiqueinstallation mêlait observation et projection : elle révélait l’ADN du lieu tout en imaginant ce qu’il pourrait devenir si on lui accordait soin et attention. Le mont devenait une sculpture vivante, porteuse d’avenir et d’utopie. En modelant directement la terre et en utilisant les plantes comme matériaux, le Mont des possibles s’inscrit aussi dans la tradition du Voir la définition complète dans le lexiqueLand Art, qui fait du paysage lui-même un médium artistique.

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1 of 3Que vous inspire l’idée de « Mont des possibles » ?
2 of 3Qu’aimeriez-vous voir pousser sur un tel monticule en pleine ville ?
3 of 3Est-ce qu’un tel lieu peut être perçu comme une richesse plutôt qu’un vide ?
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Quand les déchets s’exposent

En parallèle, une œuvre plus modeste mais plus visible prenait place sur la Place Claude-Léveillée : Le Bac. Cette installation, semblable à une maquette du projet, réunissait dans un même contenant des plantes du terrain et des déchets ramassés lors des corvées. Présentée en plein centre-ville, l’œuvre a suscité des réactions contrastées : certains y voyaient un geste écologique fort, d’autres furent choqués par l’exposition directe des détritus. Ce décalage révélait une tension : ce que l’on tolère comme « poubelle invisible » dans un terrain vague devient dérangeant dès que c’est exposé au regard collectif.

1 of 3Avez-vous déjà trouvé beaux certains déchets une fois réorganisés ou mis en scène ?
2 of 3Pourquoi, selon vous, les déchets choquent-ils davantage quand ils sont exposés comme œuvre ?
3 of 3Est-ce que l’art peut rendre visible ce qu’on préfère habituellement ignorer ?
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Pourquoi ?

Les possibles des espaces délaissés

De fond en comble invite à regarder autrement les espaces négligés. En inventoriant les plantes, les déchets et les usages d’un terrain en friche, les artistes ont révélé une identité cachée : celle d’un lieu en transition. Leur démarche, entre soin et critique, a transformé un sol oublié en espace d’échanges, de corvées, de dégustations et de discussions publiques. L’œuvre rappelle que les terrains vacants sont porteurs de biodiversité, de récits et de possibles, même s’ils disparaissent ensuite sous le béton. Ce qui demeure, c’est la conscience de leur valeur et l’importance de leur donner une place dans l’imaginaire collectif.

Image de nouvelle île

De fond en comble a permis d'ouvrir une discussion sur les enjeux environnementaux qui doivent être au cœur des politiques de la ville tout comme l’aménagement de son territoire.

N. & M., commissaires du projet
De fond en comble | Nouvelle Île