Daylight

Daylight est une installation lumineuse qui a circulé dans huit lieux de Laval. Des néons imitant la lumière du jour restaient allumés en continu derrière les fenêtres de bâtiments aux architectures contrastées — d’une maison à une école, d’une usine à une grange. En abolissant la frontière entre jour et nuit, l’œuvre transformait l’ordinaire urbain et soulignait combien la lumière artificielle brouille à la fois nos repères de la ville et ceux que nous donne le ciel au fil du jour.

Où ?

Des lumières clandestines

Carte de Laval

Lieux multiples

Huit espaces ont été illuminés tour à tour, dans cet ordre :

— le centre d’artistes Verticale
— le Théâtre de la grange
— une maison unifamiliale
— un commerce
— une cabane de jardin
— une bâtisse industrielle
— un appartement au 15ᵉ étage d’une tour
— l’École secondaire Mont-de-La Salle
— le centre Verticale, à nouveau

Quartiers : Sainte-Dorothée, Sainte-Rose, Saint-Martin, Laval-des-Rapides, Pont-Viau, Saint-Vincent-de-Paul

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Pendant une année, l’œuvre a circulé d’un lieu à l’autre, investissant aussi bien des espaces privés que publics ou commerciaux. De l’extérieur, on pouvait apercevoir une lumière constante derrière certaines fenêtres, sans toujours savoir qu’il s’agissait d’une œuvre d’art. Cette logique d’Voir la définition complète dans le lexiqueart infiltration brouillait la frontière entre le quotidien et l’intervention artistique : une maison, une école ou un commerce semblaient soudain habités par une présence inhabituelle. Partout, la même intensité lumineuse transformait des lieux ordinaires en signaux étranges au cœur de la ville.

1 of 5Que penseriez-vous en voyant une fenêtre éclairée en pleine nuit sans savoir qu’il s’agit d’une œuvre d’art ?
2 of 5Qu’est-ce que cela change, selon vous, si l’on vous révèle qu’il s’agit d’une installation artistique ?
3 of 5Est-ce que l’art doit toujours être identifié comme tel, ou peut-il se glisser dans le quotidien sans avertir ?
4 of 5Pourquoi l’artiste a-t-il choisi de faire voyager l’œuvre dans des lieux aussi différents ?
5 of 5Comment réagiriez-vous si une telle installation apparaissait un soir dans votre voisinage ?

J’avais une proposition très ambitieuse qui ne pouvait que coller avec un organisme qui s’intéressait à la question du territoire. Et des territoires comme ceux de Laval, il n’y en a pas deux au Québec, ni même au Canada.

Laurent Lévesque

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Qui ?

Laurent Lévesque

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Laurent Lévesque crée des œuvres qui questionnent notre perception du monde naturel. Il s’intéresse au potentiel des technologies actuelles et aux façons dont elles nous permettent de repenser nos représentations du paysage. Ses projets s’intéressent ainsi à la symbolique que nous accordons aux espaces. Laurent Lévesque vit et travaille à Saint-Calixte, dans Lanaudière, la région où il a grandi.

Le travail de Laurent Lévesque se déploie sous une multitude de formes – photographie, vidéo, installation sculpturale, images numériques, interactivité – et toujours, le caractère intangible du paysage est convoqué.

Nathalie Bachand
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Comment ?

La lumière hors du temps

Dans Daylight, des panneaux de néons fluorescents de type « Daylight » sont installés derrière des fenêtres. Ces tubes, censés imiter la lumière naturelle, diffusent en réalité une clarté uniforme, allumée jour et nuit. Leur éclat attire le regard la nuit, comme un phare artificiel, et impose le jour une clarté figée qui contraste avec les variations du soleil. Chaque volet de l’œuvre est intitulé selon l’heure précise où le soleil traverse perpendiculairement la fenêtre — par exemple Daylight 9:33 — Le Centre. Cette heure agit comme une trace du temps naturel, rappelant que la lumière devrait être rythmée par le passage du jour. Mais cette singularité est aussitôt recouverte par l’éclat constant des néons. Cette Voir la définition complète dans le lexiqueinstallation met ainsi en évidence combien notre rapport au temps et à l’espace est bouleversé par la lumière artificielle.

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1 of 4Comment ressentez-vous la différence entre la lumière naturelle et artificielle dans un même lieu ?
2 of 4Pourquoi l’artiste a-t-il choisi d’indiquer l’heure exacte où le soleil frappe la fenêtre ?
3 of 4La nuit, une fenêtre intensément éclairée vous inspire-t-elle sécurité, inquiétude ou curiosité ?
4 of 4Et si toutes les fenêtres d’un quartier diffusaient la même lumière en permanence, comment cela changerait-il votre perception du temps ?
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La lumière, signe de présence ?

La lumière dans un espace intérieur évoque habituellement une fonction claire : sécurité la nuit, activité humaine ou simple oubli. Dans Daylight, l’intensité des néons détourne ces codes familiers. Une fenêtre éclairée au milieu d’un bâtiment plongé dans l’obscurité donne l’impression d’une anomalie, comme une présence surnaturelle digne d’un film de science-fiction. Le jour, le dispositif se révèle derrière la vitre et surprend tout autant : alors que la fenêtre est conçue pour laisser entrer la lumière, pourquoi est-elle éclairée de l’intérieur ? Dans certains lieux, comme un édifice déserté ou un stationnement vide, cette clarté brutale accentue encore le décalage. En jouant de ces contradictions, l’œuvre transforme la lumière en un signe troublant, qui brouille nos repères sur la présence ou l’absence d’activité dans un lieu.

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1 of 4Pour quelles raisons laissez-vous parfois une lumière allumée dans un espace vide ?
2 of 4La nuit, une fenêtre éclairée vous inspire-t-elle confiance, inquiétude ou curiosité ?
3 of 4Comment réagiriez-vous si vous voyiez ce genre d’éclairage dans votre quartier sans savoir qu’il s’agit d’une œuvre ?
4 of 4Et si cette lumière avait été plus chaude ou plus douce, en auriez-vous fait une autre lecture ?
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L’art du paysage réinventé

Pendant un an, Daylight a transformé le paysage lavallois en illuminant des bâtiments parfois banals ou discrets. Chaque panneau reprenait la forme exacte des fenêtres du lieu, comme pour souligner ce point de vue particulier. Depuis la Renaissance, on décrit souvent la peinture de paysage comme une « fenêtre ouverte sur le monde » : un cadre qui fixe une représentation de la nature. Ici, l’artiste renverse cette logique. La fenêtre n’encadre plus une image, elle devient le support même de l’œuvre, inscrite directement dans le paysage urbain. Conçue Voir la définition complète dans le lexiquein situ, l’installation ne peut être séparée de ces architectures sans perdre son sens : c’est la rencontre avec le bâtiment et son environnement qui fait naître l’œuvre. Immobile, elle se métamorphose pourtant au fil des heures et des saisons : ciel changeant, passage des nuages, reflets dans les vitres… Autant de variations qui font de chaque lieu une scène vivante et différente. En détournant la fonction de la fenêtre, Daylight invite à redécouvrir la ville comme un paysage en mouvement.

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1 of 4Les œuvres d’art peuvent-elles transformer la manière dont on observe un bâtiment ordinaire ?
2 of 4Qu’ont en commun une fenêtre réelle et le cadre d’un tableau de paysage ?
3 of 4Comment la lumière et le passage du temps transforment-ils notre perception d’un lieu ?
4 of 4Trouvez-vous que des éléments artificiels, comme des néons, peuvent mettre en valeur la nature environnante ?
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Il y a une tension avec le temps qui passe dans le paysage. Dans chaque nouveau contexte, l'œuvre va avoir un aspect différent.

Laurent Lévesque
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Pourquoi ?

Quand la lumière redéfinit nos repères

Daylight attire l’attention sur la place démesurée qu’occupe la lumière artificielle dans nos vies. Allumés en continu, les néons brouillent la frontière entre jour et nuit, rappelant que la technologie a profondément transformé notre rapport au temps, à l’énergie et au paysage. En confrontant constance artificielle et variations naturelles, l’œuvre fait ressortir la fragilité de nos repères sensoriels. Elle montre aussi que l’architecture et l’espace urbain deviennent des matériaux de création à part entière, que l’on redécouvre à travers cette lumière qui envahit nos nuits comme nos jours.

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Daylight | Nouvelle Île